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8èmes Entretiens Francophones de la Psychologie : « Les psychologues et la psychologie face aux nouveaux âges de la vie »

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8èmes Entretiens Francophones de la Psychologie : « Les psychologues et la psychologie face aux nouveaux âges de la vie »

Journée : « L’éducation et la formation tout au long de la vie : quels croisements entre éducation et psychologie au 21ème siècle? ».

Titre du symposium : De nouvelles formes d’éducation à différents âges de la vie : entre approche éducative et psychologique, L’accompagnement des jeunes et la question des territoires. Entre psychologues et cadres d’éducation.

 

Communicants :

  • Anne Olivier, Docteur en sciences de l’éducation, Chargée d’enseignement à la Faculté d’Éducation et de Formation (FACEF), Institut Catholique de Paris – Unité de recherche « Religion, Culture et Société » (EA 7403) et Laboratoire Experice Paris 8
  • Hélène Fromont, Chargée d’enseignement à la Faculté d’Éducation et de Formation (FACEF), Institut Catholique de Paris, Formatrice et psychopraticienne IFS certifiée inscrite à l’annuaire de l’Institut Francophone pour le développement du Self leadership. Chargée de recherche laboratoire de recherche FOAP (Formation et Apprentissage) du CNAM
  • Angélique Cayot, Psychologue clinicienne, Docteur en psychologie clinique et psychopathologie, Chargée d’enseignement à la Faculté d’Éducation et de Formation (FACEF), Institut Catholique de Paris – Laboratoire PCPP, Université de Paris Cité.
  • Séverine Parayre, Maître de Conférences HDR à la Faculté d’Éducation et de Formation (FACEF), Institut Catholique de Paris, directrice du cycle du Master MEEF – Unité de recherche « Religion, Culture et Société » (EA 7403)

 

Etudiants de master participant à la recherche :

Jean-Baptiste Bahati, Nolwenn Barbu, Mazarine Batut, Joséphine Bertrand, Anissa Bounoua, Chloé Carron, Athénaïs Coquemont, Lucas Cordier, Marie-Caroline Dallemagne, Yolaine de la Barre de Nanteuil, Marie Dietlin, Marie Dossa, Laura Fabius, Benoît Gille, Gisèle Guela, Chloé Issaly, Chloé Lanaille-Franjus, Mathilde Le Pape, Joris Lloberes, Thibaut Parard, Louis Pataut, Marine Quéru, Danielle Remus, Marie Vandycke et Marie-Krystelle Vilmore

 

 

Introduction – Anne

Depuis la fin du XXème siècle, la nécessité d’un accompagnement spécifique de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune adulte s’est progressivement imposée dans les champs de l’éducation, de la formation, de l’insertion, de la justice, du sanitaire et du social. A la croisée des chemins entre l’écoute et le soutien, l’engagement vers l’autonomie et le devenir adulte, la mission de l’accompagnement, telle qu’elle se définit aujourd’hui dans les référentiels métier, se déplie et s’applique dans une fonction transversale centrale à toutes les professionnalités mais dans le même temps cette transversalité interroge et peut mettre en tension les pratiques multiples et diversifiées de chacune des professions.

Une des missions des cadres d’éducation comme des psychologues est d’accompagner dans une démarche maïeutique les jeunes dans leur développement et l’élaboration de leur projet pour l’avenir. « Chacun a pour mission de mener à bien une tâche concrète unique et, de ce fait, il ne peut être remplacé, de même que sa vie ne peut être renouvelée. La vocation de chacun est donc unique, tout comme sa façon de la réaliser » (V.E Frankel). La question de la frontière, des similitudes et de la complémentarité des approches des sciences de l’éducation et de la psychologie se pose.

Cette recherche provient d’un questionnement conjoint des enseignants et des étudiants du Master MEEF Parcours d’éducation, promotion 2022-2023 et le fruit de cette communication est née de l’opportunité offerte par l’organisation de ces 8èmes entretiens de la psychologie et des psychologues qui nous donne l’occasion de mettre en discussion cette première étape. Cette réflexion a été engagée préalablement par une étudiante au cours de l’année universitaire 2020-2021 dans une recherche intitulée « Traumatisme chez l’adolescent victime de viol. L’impact et la prise en charge dans le cadre de sa scolarité »[1] dirigée par notre collègue Angélique Cayot ici présente.

Cette recherche de nature exploratoire vise à mettre au travail les professionnels sur la définition qu’ils donnent de leur territoire d’intervention et sur la manière dont ils projettent les interactions ou coopérations potentielles sans négliger de traiter la question du lien spécifique, singulier et complexe qui se noue entre un jeune et le professionnel qui l’accompagne. Du singulier au pluriel, il s’agit d’explorer, de mettre en perspective les discours de chacun sur leurs missions afin d’éclairer et de questionner les contours définis des professions, les limites dans leurs pratiques, les impensés, les points aveugles. Ce sujet s’avère particulièrement d’actualité après l’annonce du Ministre Pap Ndiaye qui « en réponse à la situation scolaire et mentale dégradée des adolescents »[2] propose de former à la santé mentale les personnels de vie scolaire et les conseillers principaux d’éducation – CPE.

Cette communication mise en musique par notre quatuor d’enseignants chercheurs : Séverine Parayre, MCF HDR en sciences de l’éducation et directrice du master MEEF pour la démarche méthodologique, Hélène Fromont, psychopraticienne pour la présentation des résultats, Angélique Cayot, psychologue clinicienne pour une ouverture de la question et moi-même, Anne Olivier, enseignante chercheure en sciences de l’éducation et responsable de ce parcours de master Cadres d’éducation de la FacEF. Nous n’oublierons pas de mentionner les étudiants du Master 2 de ce parcours cadres d’éducation qui ont participé au lancement de cette recherche et que nous remercions vivement.

Démarche méthodologique – Séverine

Dans le cadre du cours sur les pratiques d’accompagnement des jeunes, les étudiants du Master 2 Cadre d’éducation et leur responsable et enseignants ont construit collectivement une grille d’entretien à partir de la lecture de la réponse à l’appel à communication et des différentes dimensions de l’accompagnement éducatif présentées en cours. 

Les dimensions ont été listées puis déclinées en items plus précis avec à l’esprit la nécessité de bien saisir la réalité du contexte de travail et du travail en lui-même pour mieux appréhender la frontière (point de convergences, complémentarités, différences et divergences éventuelles) entre l’accompagnement éducatif et l’accompagnement psychologique.  

Le travail avec les étudiants a d’abord été amorcé en sous-groupes par la liste des dimensions avec une mise en commun et une priorisation des éléments.  Une trame d’entretien a été utilisée en vue d’une enquête exploratoire sur un échantillon composé pour moitié d’éducateurs et pour moitié de professionnels du champ de la psychologie recevant des jeunes. L’enquête a été réalisée par une équipe composée de deux chercheurs et de 25 étudiants. Les entretiens semi-directif sont été enregistrés et retranscrits. Il est à noter un nombre de refus d’entretien conséquent auquel nous ne nous attendions pas. Sur les 65 demandes d’entretiens adressées, 16 refus d’entretiens pour moitié dans le champ éducatif et pour moitié dans le champ psychologique, auxquels s’ajoute une annulation de rdv du fait d’un accident de travail, soit plus de 25%.

Au final, ont été interviewés, 27 personnes, 3 hommes et 24 femmes, soit 11, 1% H et 88,9% F. Une majorité de professionnels (9) se situent entre 40 et 50 ans et arrive ensuite les jeunes de moins de 30 ans (7).

Le niveau de formation est en moyenne, compris entre Bac+3 et bac +5.

Pour les métiers, d’un côté exclusivement dans l’éducation 10 en milieu scolaire et 5 en dehors du milieu scolaire dont 3 personnes dans le champ de l’éducation spécialisée, de l’autre 6 psychologues intervenant dans un cadre éducatif et psycho-éducatif, 1 pédopsychiatre et 3 thérapeutes intervenants dans des cadres spécifiques plus larges. Une légère majorité des professionnels rencontrés travaille dans le secteur public (16 en milieu scolaire ou hospitalier) contre 11 professionnels travaillant dans le secteur privé, c’est-à-dire en milieu associatif, dans le champ médico-social et 3 exerçant en libéral. Enfin 63% des professionnels ont moins de 5 ans d’exercice et 37% ont plus de 5 ans de métier.

Parcours professionnel – Pour les cadres d’éducation : 11 personnes ont exercé un autre métier dont 3 hors de l’éducation et pour 4 personnes il s’agit d’une première expérience professionnelle de moins de 2 ans. Pour les professionnels de la psychologie : 5 ont exercé 1 seul et même métier et ont toujours eu la même structure de rattachement dont 4 en milieu scolaire, 3 ont exercé un métier du travail social (éducation spécialisée et assistant de service social) et trois ont une expérience en entreprise. 

  • Dans les deux champs ce qui nous frappe est la diversité des métiers et des parcours professionnels donnant à ces professionnels une ouverture et des points d’appui variés pour aborder la relation à l’autre et mieux appréhender la diversité des situations.

La grille d’analyse a été conçue par deux membres de l’équipe de chercheures, chacune traitant une partie des entretiens : ceux des professionnels de l’accompagnement éducatif et ceux recevant les jeunes pour les accompagner psychologiquement avant une mise en commun et  la réalisation d’une analyse thématique.

Présentation des résultats – Hélène

L’accompagnement éducatif et l’accompagnement psychologique sont deux domaines d’intervention qui visent à soutenir et à aider les jeunes dans leur développement. L’accompagnement éducatif se concentre sur le développement des connaissances, des compétences et des aptitudes chez les individus, en particulier dans le contexte scolaire alors que l’accompagnement psychologique se concentre sur le bien-être émotionnel et mental des individus, en les aidant à faire face aux difficultés personnelles, émotionnelles ou comportementales. Bien qu’ils partagent certains objectifs communs, ils se distinguent tant par leurs approches, leurs méthodes que par leurs finalités. Le temps qui nous est imparti pour la communication étant contraint, nous nous tiendrons à quelques éléments.

Alors que les jeunes se présentent spontanément pour rencontrer les professionnels dans le milieu éducatif, les psychologues reçoivent principalement sur rendez-vous après orientation d’un intermédiaire (professionnels ou parents). Ces derniers pratiquent majoritairement en consultation individuelle alors que les cadres d’éducation reçoivent autant en individuel qu’en collectif.

Dans les problématiques relevées, une part est commune aux deux catégories de professionnels, tout ce qui touche aux difficultés en lien avec l’école (déscolarisation, harcèlement, orientation, phobie scolaire, pression scolaire et familiale, TDAH).

Les cadres d’éducation fournissent l’intitulé des techniques utilisées, principalement l’écoute active alors que les professionnels du monde de la psychologie se situent majoritairement dans leurs champs : écoute clinique appuyée sur un référentiel psychanalytique, thérapie familiale, EMDR[3], approche systémique, thérapie par l’hypnose selon la méthode ericksonnienne.

Les étudiants s’étonnent que certains professionnels n’utilisent pas la prise de notes et s’interrogent sur les autres outils utilisés. Cette pratique questionne notamment le partage d’informations et le droit d’accès aux écrits concernant la personne depuis la loi 2002-2 concernant les établissements médico et sociaux la loi sur l’accès aux documents administratifs du 17 juillet 1978, modifiée par l’ordonnance 2005-650 du 6 juin 2005 pour les établissements scolaires. Ainsi les professionnels interrogés parlant à partir de lieux d’exercice très différents, ne sont pas assujettis aux mêmes obligations.

La totalité des cadres d’éducation expriment orienter les jeunes vers les professionnels susceptibles de répondre au mieux à leurs besoins. Au travers de leurs paroles, il apparaît qu’ils visent principalement à identifier au mieux la problématique. Pour la moitié des cadres d’éducation, cette orientation s’effectue en interne. Par contre elle s’avère plus ou moins aisée du fait du manque d’interlocuteurs et/ou de leur cadre d’intervention prescrit (par exemple les psy EN sur lequel nous reviendrons ultérieurement en interne).

Nous observons que les pratiques diffèrent grandement en fonction des appartenances institutionnelles. Les échanges entre les deux catégories d’acteurs semblent limités, car comme le signifie un cadre d’éducation « chaque professionnel a son propre cadre déontologique et les échanges d’informations se font en fonction de ce que chacun a droit ou on de donner en accord avec son métier ». Ces constats posent la question du travail en équipe pluridisciplinaire.

Plus d’un tiers des cadres d’éducation disent ne pas disposer de charte éthique ou de code de déontologie. Néanmoins si toutes les professions ne disposent pas d’un code de déontologie, l’ensemble des personnes exerçant dans un cadre public, soit la moitié des personnes interviewées, s’inscrivent dans le cadre de la loi n°2016-483 du 29 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires qui prescrit les valeurs et les principes jugés fondamentaux. Les psychologues font quant à eux référence au code de déontologie de leur profession.

De même la majorité des cadres d’éducation ne bénéficient ni d’analyse de pratique, ni de supervision, contrairement aux psychologues. Cette question nécessiterait une enquête/observation sur les pratiques tant elle nous semble comporter une confusion entre les différents types de dispositifs et entre les dispositifs formalisés et les échanges entre professionnels plus informels.

Cette première phase d’enquête permet d’ouvrir des pistes pour la poursuite de cette recherche et fournis des éléments de réflexion pour la formation des cadres d’éducation.  Et pourquoi ne pas engager dans le cadre d’un travail de formation pluridisciplinaire, un module de formation réunissant des étudiants en psychologie et des étudiants de la Faculté d’éducation.

Angélique

Psychologue clinicienne, j’enseigne en licence et Master en psychologie et en éducation sur plusieurs  établissements soit pour la géographie universitaire parisienne à l’Institut de psychologie à Boulogne (Université Paris Descartes) et à l’ICP ici. Avant de poursuivre nos réflexions, il faut ajouter que j’ai enseigné 10 ans dans le cadre de la formation des psychologues de l’Education Nationale (anciennement DEPS) à Paris Descartes sous la direction de François Marty. Ces précisions sont importantes pour illustrer que depuis quelques années, je suis à cheval sur la question qui nous préoccupe aujourd’hui : quels croisements entre éducation et psychologie au 21ème siècle ?

A cheval donc entre deux disciplines, deux formations, deux champs professionnels proches et pourtant fondamentalement différents, la chevauchée n’est pas tranquille, souvent inconfortable et la tentation est grande parfois de mettre pied à terre pour retrouver mes patients et mes pénates freudiennes….

Plus concrètement comment parler de sexualité infantile et d’Œdipe à des étudiants en sciences de l’éducation qui pensent et abordent la psychanalyse comme une œuvre obsolète aux concepts périmés dans le meilleur des cas…Car dans le pire, Freud mal compris est accusé de tous les maux, toutes les perversions sous les feux meurtriers (mortifères diraient les psys… !) des réseaux sociaux.

Et de l’autre côté, comment faire entendre aux étudiants et aux psychologues, jeunes ou moins jeunes… la nécessité d’être à l’écoute des enseignants et des cadres d’éducation qui en contact quotidien avec les jeunes font preuve bien souvent d’une intuition fine, d’une étonnante perspicacité et efficacité pour agir face à la souffrance ou la détresse d’un enfant que personne dans son entourage n’avait décelé.

Comment trouver aussi un langage commun en demandant aux uns de mettre de côté les théories parfois trop rigides, les mots savants trop opaques et aux autres de saisir les nuances, l’ambivalence ou le respect des défenses d’un enfant, d’un adolescent qui ne peut pas dire, mettre des mots sur un évènement traumatique trop récent ou refoulé…

A l’issue des données recueillies dans l’enquête présentée ici, il suffit de prendre l’exemple de la prise de notes ou plutôt de l’absence de prise de notes qui a interpellé les étudiants en Master cadres d’éducation pour saisir l’écart qui peut vite devenir fossé entre deux pratiques professionnelles lors de la rencontre et l’entretien avec un enfant qui va mal.

Pour les uns, la prise de notes est nécessaire indispensable afin de rester au plus près du discours de l’enfant et des problèmes qu’il raconte. Pour les autres, notre outil dans une « clinique à mains nues » dirait Colette Chiland, c’est notre appareil psychique où il s’agit d’être attentif autant à la communication verbale que non verbale (sourires, regards, mains crispées et autres signes corporels…)  et dans ce cas, stylo et papier deviennent des obstacles  plutôt que des outils nécessaires.

On peut aussi reprendre la difficulté de transmettre la notion de refoulement  révélé par Freud en 1895 dans ses « études sur l’hystérie » avec  Katharina et qui s’actualise hélas toujours en 2023 lorsque les médias évoquent les violences sexuelles et l’amnésie traumatique. Nous l’avons travaillé longuement avec Manon Gidel, étudiante à l’ICP en Master Cadres d’Education dans son mémoire sur  « la prise en charge, dans son environnement scolaire, de l’adolescent victime de viol ». Dans son environnement scolaire, c’est bien là l’endroit d’une question délicate et complexe à résoudre… Car l’école est un lieu d’apprentissage et non un lieu de soin. La formule est évidente pour le psychologue ne serait-ce qu’en termes de temporalité, de neutralité et des mouvements transférentiels inhérents au travail thérapeutique  Et pourtant  les frontières sont parfois tenues entre les différents lieux de l’école à la maison en passant par les instances d’assistance juridique, sociale et le lien de soin … Car le premier endroit où l’enfant va  dire, raconter, dénoncer ce qu’il subit  c’est souvent l’école auprès d’un adulte bienveillant, attentif qui aura su déceler sa détresse à travers un changement de comportement, des silences, une chute des résultats scolaires, l’isolement ou encore l’insolence, la violence et l’agressivité envers l’adulte et/ou ses camarades de classe. Ensuite, tout se joue dans le relais et la prise en charge qui sera mise en place à partir des premiers mots sur les maux ou les violences subies.

Toutes ces questions et d’autres encore étaient au cœur de notre travail dans la formation- et la sensibilisation- des psychologues scolaires aux difficultés et souffrances de l’enfant.

 « Le psychologue n’est ni un enseignant, ni un référent, ni un soutien pédagogique pour l’enfant, il n’est pas non plus un spécialiste de telle ou telle fonction entrant en ligne de compte dans les différents apprentissages auquel l’enfant doit se confronter. Le psychologue apporte au sein de l’école une dimension hétérodoxe au champ strictement scolaire (Cognet, Marty, 2018). Il n’a pas à occuper une place qui ne lui revient pas en répondant instantanément à la demande en tant que « sachant », à la place de l’autre. Le travail du psychologue n’est pas de chercher immédiatement une solution au symptôme scolaire au risque de le fixer, mais d’essayer d’abord de comprendre ce qui se cherche dans la formation de ce compromis. L’objet du psychologue à l’école est la réalité psychique de l’enfant. »

Ces mots de François Marty définissent les fonctions du psychologue à l’école mais pointent aussi l’écart nécessaire pour que chacun puisse travailler dans son champ d’action et ses compétences car de la réalité psychique à la réalité tout court, des difficultés d’un élève aux souffrances d’un enfant, chacun a sa place pour accompagner au mieux l’enfant élève dans ses apprentissages et son bon développement physique et psychique.

Je terminerai par une formule de René Diatkine que j’aime transmettre à mes étudiants, tous mes étudiants « S’il faut renoncer aux illusions enfantines, les mouvements libidinaux se vident. »[4]. Ces illusions enfantines dont parle René Diatkine, c’est ce qui nous a construits, ce qui fait la richesse et la créativité de notre vie psychique et fantasmatique. Nous sommes des êtres vivants, des êtres charnels faits de rêves, d’envie et de désirs. Soyons présents ensembles pour accompagner l’enfant, l’adolescent dans ses apprentissages, ses jeux, ses rêves, ses fantaisies. C’est notre mission commune pour leur devenir et notre devenir dans l’humanité….

                                               FIN…

Autre citation sur le travail du psychologue à garder éventuellement pour plus tard, l’article…

« … il est nécessaire qu’il garde une indépendance de fonctionnement tout en souscrivant au projet de l’institution qui l’emploie et, pour ce qui concerne l’école, qu’il puisse travailler dans un écart lui permettant d’avoir un regard sur l’enfant différent de celui des enseignants. Il est nécessaire qu’il ne colle pas entièrement aux missions pédagogiques qui sont au cœur de l’École pour pouvoir développer pleinement ses compétences et apporter son aide à l’enfant en difficulté. »

[1] Cette recherche réalisée par Manon Gidel, a fait l’objet d’un mémoire de Master 2 MEEF Encadrement éducatif, dirigée par un membre de l’équipe des auteurs de cet article, Angélique Cayot et vient d’être publiée chez l’Harmattan.

[2] Le Café pédagogique du 30 mai 2023 cafepedagogique.net/2023/05/30/se-unsa-sante-mentale-degradee-de-adolescents-vite-un-cpe/ Par Lilia Ben Hamouda

[3] EMDR : Eye Mouvement Desensibilisation and Reprocessing, c’est-à-dire désensibilisation et retraitement de l’information par des mouvements oculaires.

[4] Diatkine, R. (1994), L’enfant dans l’adulte ou l’éternelle capacité de rêverie, Revue française de psychanalyse L’enfant dans l’adulte, Tome LVIII, n°3, p 643.

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