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Autobiographie raisonnée et public en situation de désaffiliation

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Brève description

Méthode d’utilisation de l’autobiographie raisonnée avec un public en situation de grande précarité.

 

Auteur

Hélène Fromont 

Contexte

Hélène reçoit, dans le cadre d’un centre social, des personnes en situation de grande précarité : bénéficiaires du RMI sans domicile fixe.

Avec certains d’entre eux, chaque fois que possible en fait, elle réalise un travail d’accompagnement avec pour objectif la ré-appropriation positive de leur parcours.

 

Méthodologie utilisée

Hélène propose au départ à la personne de travailler sur son parcours professionnel avec pour objectif la formalisation d’un nouveau projet.

Au cours de rencontres qui durent deux heures, toutes les 3 semaines environ, elle dialogue avec la personne sans pour autant présenter la grille de l’autobiographie raisonnée, qui risquerait à cette étape là de la « paralyser ».

Au fur et à mesure, Hélène remet à la personne différents documents : supports de type bilan de compétence pour aider la personne à décrire son expérience, citations d’Henri Desroche sur la bioscopie et divers articles.

Entre 2 entretiens, Hélène remplit la grille de l’autobiographie raisonnée avec les informations recueillies (document tapé sur ordinateur).

Quand la personne commence à écrire sur son parcours ou lorsqu’elle est plus à l’aise pour parler d’elle-même, elle lui remet alors la grille de l’autobiographie raisonnée en lui proposant de la compléter. Quand c’est possible, elle fait relier le document.

Habituellement, la personne revient en ayant complété les informations relatives à son parcours.

 

Résultats

A ce jour, toutes les personnes qui se sont engagées dans ce travail, ont été au bout de la démarche, malgré leurs conditions précaires d’existence et les difficultés d’écriture qu’ils peuvent rencontrer.

Hélène constate chez eux un regard plus positif sur leur parcours, la mise en évidence des réussites (en ne se focalisant plus uniquement sur les échecs) et un renforcement significatif de l’estime de soi.

Par ailleurs, ce travail permet généralement de dégager 2 ou 3 pistes possibles en termes de projet.

Enfin, il assoit la relation de confiance entre la personne et l’accompagnateur.

 

Exemples de situations vécues

Robert, 43 ans, bénéficiaire du RMI, a vécu une situation de souffrance au travail qui a débouché sur un licenciement et une rupture dans son parcours personnel et professionnel. Au chômage depuis 4 ans, lors des 3 premières rencontres, il pleure systématiquement en évoquant son parcours professionnel antérieur. Hélène lui propose même de rencontrer une psychologue. Le fait de commencer à écrire sur certaines de ses expériences l’amène à prendre du recul. Aujourd’hui, il parle plus facilement de lui et lit « Le rapport au savoir » de B. Charlot. Actuellement, il creuse différentes pistes de projet professionnel à la Cité des métiers de La Villette.

 

Evelyne a 60 ans. Bénéficiaire du RMI car n’ayant jamais fait valoir ses droits aux ASSEDIC, elle a tout perdu, et lorsqu’Hélène la rencontre, elle vient de passer 3 nuits dans le local à poubelles de son immeuble. Le travail sur l’autobiographie raisonnée lui a permis de reprendre confiance en elle et de faire le constat qu’elle avait eu une très belle carrière : elle a notamment travaillé chez Bull (marketing institutionnel) et vécu aux Etats-Unis. Aujourd’hui, elle a refait un CV, recherche des activités de bénévolat et a renoué avec son frère alors qu’elle n’avait plus de contacts avec sa famille depuis 5 ans.

 

 

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