Après un diplôme d’école de commerce et 14 ans d’expérience en entreprise (gestion de projets, formation, maîtrise d’ouvrage…), j’ai choisi de me reconvertir pour exercer un métier plus conforme à mes engagements extraprofessionnels et à mes aspirations personnelles. J’ai terminé en Septembre dernier un Master 2 à la Sorbonne nouvelle : Formateur d’Adultes, accompagnateur de projets collectifs et individuels par la recherche-action (projet professionnel et personnel, VAE…). Pendant mes deux ans passés à Paris III j’ai travaillé sur un projet collectif concernant l’insertion professionnelle et sociale dans le 18ème arrondissement en lien avec les acteurs déjà en place, ce qui m’a amené à la Maison Verte.
J’ai commencé à réorganiser l’accompagnement social afin de sortir de « l’accueil/ orientation » et de créer les conditions nécessaires à un véritable accompagnement individuel. Au-delà du rangement et de la décoration, il s’agit de permettre aux personnes qui le souhaitent de sortir de l’assistanat et de redevenir acteur de leur devenir : en un mot de reprendre leur autonomie.
Les personnes qui se présentent à la Maison Verte viennent d’abord le plus souvent pour stabiliser leur situation financière et de logement – pour beaucoup il s’agit du Revenu Minimum d’Insertion et d’un hébergement à l’hôtel ou en foyer. Une fois cette étape franchis je propose aux personnes que je reçoit de travailler à partir de leur parcours. Il s’agit de dégager un (ou deux ou trois projets au maximum) et d’aider la personne à choisir et à mettre en œuvre son projet. « L’important c’est de lire la « bioscopie » pour y repérer, discerner, corréler propensions, virtualités, potentiels, compétences, voire cumuls ou accumulations propices à la « passion » pour un projet : le projet dont cette « bioscopie » est prégnante, c’est-à-dire motrice et matrice… et qui serait simultanément projet d’étude et de recherche, projet d’action, projet d’emploi, projet, comme on dit, « de carrière » et même projet de vie. Généralement la destinée ainsi analysée est assez unique pour que, à l’intersection des limites objectives et des aspirations subjectives, se configure prestement un projet unifié et unificateur [1]».
J’accompagne les personnes qui rentrent dans cette démarche au sens du compagnonnage. Je chemine avec elles, je ne fais pas à leur place, je n’anticipe pas mais je m’adapte en permanence proposant outils et recherches mais n’imposant jamais, bref nous sommes dans la co-construction.
Parallèlement à mes activités à la Maison Verte, je prépare un Doctorat en Sciences de l’éducation à l’Université Catholique de l’Ouest en cotutelle avec l’université de Nantes. J’envisage d’effectuer une recherche sur l’accompagnement ayant constaté que la majeure partie des livres édités en France sur le sujet sont le fait d’universitaires et beaucoup plus rarement de praticiens-chercheurs. L’accompagnement est un mot valise utilisé à tort et à travers à la fois par les formateurs, les travailleurs sociaux les institutions chargées de l’insertion professionnelle, les soignants… mais au fond presque personne ne donne à voir ce qui ce passe dans l’accompagnement. Ce projet de thèse me permet de rester en mouvement ce qui est indispensable pour remettre les autres en mouvement et ne pas leur imposer de recette toute faite. Cette démarche me permet également de confronter ma pratique à la Maison Verte avec des doctorants qui travaillent dans des domaines différents et complémentaires du mien : enseignants, éducateurs spécialisés… Les apports théoriques des séminaires mensuels de doctorat nourrissent ma pratique et réciproquement.
Hélène Fromont – Paris – Février 2008
[1] DESROCHE H., 1984, Théorie et pratique de l’autobiographie raisonnée, Document OCI n°1, Québec, Université d’Ottawa, 125 p