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Compte-rendu de la rencontre REPAIRA du 13 avril 2013

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Rencontre exceptionnelle avec Roland COLIN

« Mémoire de mon enfance bretonne »

L’autobiographie comme outil d’analyse sociale et support d’initiation

Nous étions presque une trentaine ce samedi à être venus écouter Roland présenter son dernier livre Mémoire de mon enfance bretonne et nous faire partager les principales étapes d’un  parcours « hors norme » qui le conduisit d’un village breton situé à 10 kms de Brest aux rives de l’Afrique où, après avoir été l’élève de Senghor, il participa à l’aventure de l’indépendance du Sénégal. Et bien d’autres choses encore !

Ce fut l’occasion aussi pour Roland de revenir sur l’écriture de ce livre autobiographique, lui qui accompagna si souvent des Dhepsiens dans cet exercice ! Il avait douté tout d’abord de l’intérêt de raconter ses « mémoires » pour des personnes qui n’avaient pas vécu ce qu’il se proposait de retranscrire… jusqu’à ce qu’un ami québécois lui fasse part d’un dicton de son pays qui dit que « les vieux pommiers ne font pas de vieilles pommes » ! Alors oui, pensa-t-il, son témoignage pourrait donner naissance à des fruits à même de « nourrir » d’autres générations !

Se posa alors pour Roland la question de sélectionner les épisodes de son passé et de les assembler à travers une trame significative. Quels évènements retenir et quel fil conducteur choisir ? C’est alors qu’il fit un rêve :

« Ainsi, dans l’immense liberté du royaume de l’imaginaire nocturne, ma conscience contemplait une mer étale, sans rivage, probablement consubstantielle à mon moi onirique. Soudain, le tissu bleu sans faille du panorama marin laissa percer un frémissement. J’assistai à la naissance d’une île. Sur cette terre émergente s’inscrivaient alors un paysage, des personnages, au nombre desquels je figurais, jouant une scène dont le rêveur endormi percevait avec acuité les moindres détails, l’enchaînement des propos, des mouvements et des gestes.

Au réveil, je tenais là un chapitre du livre dont je me proposais d’entreprendre la rédaction, et je décidai d’y consacrer ma première écriture, nonobstant le fait qu’elle rapportait, dans mon parcours de vie, un épisode très vif de mes seize ans. Je le rédigeai à peu près tel qu’il avait surgi de ma vision océane. Je résolus, ainsi, de laisser naître les îles dans l’ordre aléatoire, au déni du calcul de raison, où leur avènement des profondeurs s’imposerait à moi. Peu à peu vint à la surface un archipel issu des eaux du souvenir. C’est alors seulement que je pus m’attacher à en saisir la configuration naturelle pour l’ordonner à l’élaboration d’un récit. Je retrouvai de cette manière le fil du temps, sans altérer abusivement la « renaissance » du monde révolu, l’invitant à « faire sens » à nouveau dans l’univers du présent ».

Pour ceux qui s’intéressent à l’autobiographie raisonnée, au processus d’individuation et, à travers lui, aux rapports mystérieux entre le conscient et « l’au-delà du conscient », ces quelques lignes apportent un témoignage étonnant !

Parmi les épisodes que Roland a évoqués samedi, j’ai choisi d’en restituer un (il y en aurait bien d’autres !).

En 1938, Roland a 10 ans. Il a rejoint ses parents à Versailles après avoir vécu jusque là avec sa grand-mère en Bretagne, au milieu des champs, non loin de l’océan. Sa mère tient un café-restaurant où mangent le midi des travailleurs algériens qui sont employés dans une mûrisserie de bananes située à proximité. L’un d’eux, Saïd, se prend d’affection pour Roland et sa sœur, et c’est avec lui que Roland entend parler pour la première fois du Coran et de l’Islam. Un jour, il leur raconte cette étrange histoire : jeune, il gardait les moutons dans son village en Algérie, et sa mère lui avait dit de ne surtout pas dépasser une certaine limite car, au-delà, rôdait « la panthère » ! Et, raconte Saïd, un jour je suis allé avec mes bêtes plus loin que je ne devais, et j’ai vu soudain surgir la panthère qui a égorgé mon plus beau mouton et l’a emporté. Outre la peur de sa vie, Saïd avait eu droit en prime ce jour là à la plus belle fessée qu’il ait jamais reçue !

Mais écoutons Roland :

« En janvier 1965, j’effectuai une mission dans l’Algérie de Ben Bella. Il s’agissait de prêter assistance à l’organisation d’un mouvement d’autogestion paysanne. Cette voie avait été choisie par le gouvernement de l’époque comme fondement d’une politique de développement au diapason de la liberté du peuple récemment conquise. L’entreprise avait été initiée de façon prometteuse dans la vallée du Chélif. Avec les responsables algériens du projet, nous nous rendîmes à Tizi-Ouzou pour débattre des conditions d’extension de l’opération en Kabylie. Nous fûmes reçus cordialement par le préfet, qui tint avec nous une réunion de travail dans son vaste bureau. Une baie panoramique offrait à nos regards un paysage admirable sur des horizons de montagnes aux reliefs blanchis par les frimas de l’hiver.

Brusquement mon attention fut captée par un long bahut qui occupait un mur de la pièce. Sur ce meuble, une impressionnante panthère naturalisée, comme figée dans une démarche souple de chasseresse, les crocs à découvert. Elle me semblait énorme et inquiétante. Je ne parvenais pas à détacher mes yeux du spectaculaire trophée, et j’interrogeai le préfet sur la provenance de cette éclatante dépouille. Sa réponse tint en une courte phrase : « c’est la dernière panthère tuée en Kabylie ». Je me ressaisis pour me réinstaller dans le fil des échanges de la réunion, maîtrisant un mouvement intérieur qui m’avait emporté, un court instant, bien loin dans le temps ».

Roland a bouclé son intervention en soulignant la multiplicité des « logiques » qui expliquent et façonnent le monde. Aussi, « l’interprétation du monde est constamment à construire et à développer dans toutes ses composantes ». Il a repris une citation de Teilhard de Chardin disant que « la terre a besoin de tout son sang ».

Est-il besoin d’ajouter que Roland est un « passeur de frontières » et que son parcours en est le témoignage le plus éclatant ?

Pour celles et ceux qui n’ont pas pu être présents samedi, Roland dédicacera son livre le :

24 mai à 18h30

à la librairie « L’œil au vert »

59 rue de l’Amiral Mouchez (75013 PARIS)

Mémoire de mon enfance bretonne

Roland Colin

Editions Ouest-France

La prochaine rencontre REPAIRA se déroulera le samedi 1er juin

Par ailleurs, le réseau Repaira participe pour la première fois au

« Salon des thérapeutes, du mieux-être et de l’évolution personnelle »

qui se déroulera le week-end prochain

(vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 avril) au

Centre des congrès de la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette (Métro Porte de la Villette)

Vous nous trouverez aux stands 7 et 8 situés au niveau 1

juste à droite après l’entrée.

Le stand n°7 s’intitule Démarche autobiographique et le stand n°8 est au nom de Repaira.

Au plaisir de vous retrouver bientôt !

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